Assurer les moyens d’existence pour femmes issues de communautés marginalisées

Assurer les moyens d’existence pour femmes issues de communautés marginalisées

Années de réalisation : avril 2015- mars 2018

Partenaires locaux : CWS + 4 ONG’s locales (Hope, Manitham Trust, We-Trust, Wind-Trust)

Partenaire au Luxembourg : Pharmaciens Sans Frontières

Nombre de bénéficiaires : +/-3000 femmes et jeunes filles dans 25 villages

Coûts du projet : 135.000 euros sur 3 ans

En avril 2015 Dignity asbl a eu l’accord du Ministère de la Coopération et de l’Action humanitaire du Grand-Duché de Luxembourg.

Description du projet :

La situation des beaucoup de femmes est particulièrement précaire pour plusieurs raisons : exode rural des hommes, conversion des terres en terrain constructible, exploitation servile des femmes dans l’industrie textile.

Notre projet vise à soutenir 3000 femmes et jeunes filles dans 25 villages. Il comprend 4 volets :

  1. Formations professionnelles à des adolescentes et des femmes musulmanes

  2. Soutien à la création d’entreprises par des fonds d’entraide et de microcrédits

  3. Recherche d’emplois alternatifs pour des agricultrices ayant perdu leurs terres

  4. Promotion des pratiques agricoles traditionnelles durables pour agricultrices

Chaque volet du projet a lieu dans un district différent comprenant chacun plusieurs villages. 4 organisations locales sont responsables de la bonne gestion des différents volets. La coordination et la supervision du bon déroulement sont réalisées par l’ONG CWS.

  1. Fournir des capacités professionnelles à des adolescentes

L’objectif est de donner des perspectives professionnelles à des jeunes filles qui ont réussi à quitter le système du Sumangali. Le Sumangali est une forme de travail d’enfant qui est surtout pratique courante, bien qu’officiellement interdite dans l’industrie du textile au Tamil Nadu. La fille recrutée emménage dans un hébergement contrôlé par la société où elles sont traitées comme des esclaves. Les filles sont rarement autorisées à quitter cet hébergement et n’ont que très peu de contact avec leurs familles. Elles sont obligées à travailler pendant des périodes abusivement longues dans des usines bruyantes et sont exposées à des abus physiques et verbaux. Elles reçoivent des salaires excessivement bas et des cas de violence corporelle et sexuelle sont régulièrement rapportés. Des accidents de travail causés par des machines et des infrastructures marodes sont également fréquents. Les filles qui s’enfuient de cette situation où sont obligées d’arrêter le travail pour des raisons de santé ne touchent strictement rien de leur salaire. Les taux de suicides sont particulièrement élevés parmi les travailleuses « Sumangali ». Plus de 80% d’entre elles travaillent dans des filatures pour vêtements de marques de textiles bien connues dans le monde occidental.

Les activités de réinsertion pour les jeunes filles ayant réussi à quitter le système Sumangali aident les jeunes filles à mettre en place leurs propres activités économiques. Elles comprennent des cours de réparation de téléphones portables, des disques dures d’ordinateurs, ou encore des formations d’esthéticienne et de couture. Les activités sont choisies par les filles bénéficiaires. Les adolescentes qui auront accompli avec succès les formations se verront attribuées des microcrédits en vue de mettre en place leur propre activité économique. Il est prévu que ces crédits seront remboursées dès que possible par les jeunes entrepreneuses en vue d’alimenter les fonds d’organisation d’entraide de femmes. Ces fonds permettront dès lors la poursuite des séances de formation indépendamment du soutien financier par une organisation externe.

En parallèle, 500 étudiantes d’écoles publiques vont bénéficier annuellement et sur 3 ans par les formateurs des cours de développement personnel pour les protéger dans l’avenir contre d’éventuels abus par des employeur.

Avancement du projet en janvier 2016

Grâce au soutien de nos partenaires locaux HOPE et CWS, une soixantaine de jeunes filles et femmes de la région de Dindigul (Tamil Nadu) ont réussi à quitter, malgré l’opposition fréquente de leurs parents, le « Sumangali Thittam ». HOPE offre des formations de 3 mois pour donner aux bénéficiaires des capacités de réparer d’ordinateurs et de téléphones portables. Au bout de la formation, les jeunes diplômées ont retrouvé de la confiance en elles et sont en mesure de réaliser des réparations sans aide extérieure. Soit elles retrouvent du travail dans des magasins soit elles ouvrent, grâce à des microcrédits leur propre commerce. HOPE mène également des séances de sensibilisation dans des écoles primaires et secondaires.

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  1. Soutien à la création d’entreprises et formations professionnelles à des femmes musulmanes

L’objectif est de mobiliser et de former des femmes musulmanes pour leur permettre de créer des activités à revenus suffisants (jardinage, élevage d’animaux domestiques, artisanat) pour entretenir leurs familles. Les bénificiaires ont accès à des prêts remboursables qui leurs permettent de lancer leur propre entreprise. Des comités exécutifs constitués au niveau des villages par des femmes musulmanes gèrent la distribution des prêts et veillent aux remboursements de ceux-ci. La création de ce fonds garantit la sélection de nouvelles bénéficiaires sans appui d’une organisation externe.

 

  1. Proposer un emploi alternatif à des agricultrices ayant perdu leur moyen d’existence à cause de l’exploitation commerciale des terres agricoles

Des femmes qui ne sont plus capables de labourer les champs bénéficient de formations en gestion d’acitvités économiques à faible échelle. Ces formations sont consacrées à l’élevage de volailles et de chèvres, ainsi qu’à la cultivation de potagers domestiques. Les femmes suivront des cours sur la fabrication et l’utilisation d’engrais et de pesticides organiques (compostage, plantes traditionnelles). Elles n’auront dès lors plus besoin d’avoir recours à des produits chimiques. A la fin du cycle de formation, les diplômées reçoivent un capital de départ sous forme de micro-crédit pour lancer leurs activités économiques (élevage, potagers). Les remboursements de ces crédits alimentent les fonds de l’organisation locale en charge du bon déroulement du cycle de formation et permettent ainsi la continuation du cycle indépendamment du soutien par une organisation externe.

  1. Promotion des pratiques agricoles durables pour agricultrices

Des agricultrices musulmanes et dalits (caste des Intouchables) apprennent par moyen de formations ciblées dans des écoles agricoles à gérer des banques de semences, à avoir recours aux cultures adaptées au contexte local et à exercer des stratégies de vente. La fabrication et la gestion d’engrais organique sont enseignées de même que les pratiques d’enlèvement de la cosse des grains pendant les processus de broyage et de fabrication de fleurs par application de méthodes respectueuses de l’environnement. En parallèle aux formations, des unités de compostage par activité de vers, ainsi que des banques de semences sont mises en place au niveau villageois en vue de renforcer les liens et l’esprit de communauté entre agricultrices. Des fédérations d’agricultrices permettent de prendre des décisions collectives concernant la nature des produits à cultiver, les prix du marché et toute la structure de vente. Les diplômées bénéficient de prêts (microcrédits). Le remboursement de ces prêts serviront à garantir le fonctionnement des banques de semence ou encore des installations de compostage. Celles-ci permettront aux bénéficiaires de faire face aux aléas économiques et climatiques.

Avancement du projet en 2016

Les femmes issues de milieux défavorisées dans la région autour de la ville de Trichy (Tamil Nadu) ont accès grâce au soutien de nos partenaires Manhitam Trust, WE Trust et CWS à des microcrédits. Grâce à ces microcrédits, les femmes sont en mesure de s’acheter des vaches, des poules ou encore des chèvres ou encore de commencer des activités commerciales (par exemple la restauration). D’autres femmes qui sont souvent des agricultrices ayant perdu leurs terres cultivables, préfèrent aménager des potagers et cultiver des légumes tout en utilisant des engrais organiques produits sur base de bouse et d’urine de vache, de sucre non raffiné (jaggery), de feuilles de l’arbre Neem (pesticide naturel). Elles sont dès lors en mesure de ne pas recourir à des engrais minéraux vendus par de grands distributeurs. Ces acquisitions permettent aux femmes d’acquérir une certaine autonomie économique et de les mettre en confiance pour revendiquer d’autres amélioration de leur qualité de vie. Ce programme de soutien aux femmes fonctionne en networking et permet ainsi des interactions entre bénéficiaires.

Pendant la première année du projet, plus de 200 femmes ont bénéficié de ces microcrédits et possèdent d’ores et déjà de moyens de les rembourser. L’argent est ainsi collectée auprès de collectivités villageoises qui accordent dès lors des microcrédits à d’autres bénéficiaires et opèrent ainsi sans besoin de recourir à l’aide extérieure.

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